samedi 9 juillet 2016

Atelier son - Ecoute et communication

Après les petits en février, c'est aujourd'hui aux plus grands d'avoir leur atelier son. Celui-ci propose d'aller plus loin et d'utiliser le son pour relier l'écoute à la communication.

L'atelier s'organise en 2 parties : une pour expérimenter et une pour mettre en pratique.

Dans un premier temps, j'ai proposé au groupe d'écouter puis d’analyser ensemble différentes ambiances sonores que j'ai personnellement captées : des ambiances naturelles, des ambiances urbaines et des récits audio.
L'échange a d'abord pour but d’immerger progressivement chacun dans ses sensations sonores, les plus "réceptifs" entraînant rapidement les autres derrières eux. C'est toujours incroyable de découvrir toutes les informations qui nous sont transmises dans quelques secondes de son lorsqu'on y est sensibilisé, bien sûr un lieu, un moment, un mouvement... mais aussi une humeur, une sensation, un souvenir...
C'est ensuite que l'échange s'est orienté sur des ressentis moins objectifs qui dépendent du vécu de chacun. Par exemple, après l'écoute d'une ambiance de vent au sommet d'une colline irlandaise (ça, je ne le dis pas avant normalement...), une personne expliquait qu'elle ressentait de la sécurité et du confort quand d'autres participants parlaient de froid et de tempête qui s'annonce. En creusant un peu, on apprend que sa grand-mère possède une maison ancienne où il fait bon se blottir au coin du feu les soirs d'hiver.

A vous d'essayer :



Dans un monde où l'image prédomine (Qui utilise les vidéos Youtube pour écouter de la musique ?✋), c'est toujours une expérience enrichissante de s'en remette exclusivement à ses perceptions auditives pour analyser et comprendre.

Lors de cette 1ère partie, au moyen d'ambiances sonores et d'échanges guidés, chacun a expérimenté concrètement les apports d'une écoute attentive et la relativité du ressenti individuel. Ce sont déjà de bonnes bases pour communiquer sainement !


J'ai proposé dans la seconde partie de créer un récit audio de type radiophonique, de l'enregistrement jusqu'au mixage.

Plus que le sujet du récit, c'est sa construction qui m'importe. Créer un récit audio impose de se mettre à la place du futur auditeur afin d'anticiper ce qu'il va entendre et maîtriser l'effet désiré. Par exemple, si l'on décide de "raconter" les interactions entre un soignant et son patient du point de vue de ce dernier, peut-être qu'il sera judicieux d'enregistrer la scène à partir de l'oreiller du lit de la chambre d’Hôpital, comme pour mettre l'auditeur à la place du patient.
Ces choix techniques/créatifs placent naturellement le "réalisateur" en position d'empathie vis-à-vis de l'auditeur. Il me semble que c'est une compétence indispensable en situation de communication.
En prenant comme vecteur l’immersion sonore, l'air de rien et sans exercice rébarbatif, j'ai voulu solliciter chez chacun des aptitudes liées à la communication : l'écoute attentive, l'analyse du message, le ressenti personnel et l’empathie.


Pour cette 1ère, je suis intervenu auprès d'étudiants en formation d'aides-soignant dans le cadre de leur module de communication. Les apports d'un atelier sur le son et la communication à des professionnels du milieu hospitalier peuvent être vus à plusieurs niveaux.
D'une part, les soignants sont soumis à de nombreuses sollicitations auditives (les sonnettes individuelles, les alertes des machines...) dans un contexte sonore complexe (bruit de ventilation, bruit des couloirs...). Être sensibilisé à l’analyse de l'environnement sonore peut se révéler utile pour réagir plus efficacement ou directement améliorer le quotidien.
D'autre part, ils sont confrontés à des situations de communication sensibles soit avec les patients qui ne sont pas toujours en mesure d'exprimer clairement leur demande, soit avec des collègues pendant les transmissions où il faut être rapide et précis. Ici encore, une bonne communication sera décisive.

Voici un exemple parlant d'une situation qui mêle des problématiques d'environnement sonore et communication (merci Jessica) :

En réaction aux bruits émanant des couloirs d’hôpitaux, certains patients préfèrent que leur porte de chambre soit fermée. Le bruit est interprété comme une nuisance qui trouble leur repos et donc leur rétablissement. Malheureusement, pour les soignants, cette porte fermée peut parfois gêner la bonne perception des alertes sonores des machines.
A l'inverse, d'autres patients apprécient que leur porte soit ouverte. Le son devient ici une source de divertissement, un peu du dehors qui vient à eux, les apaisent et rendent leur séjour moins angoissant. Par contre, du coté des soignants, une porte laissée ouverte peut poser des problèmes d'intimités.

Autant de situations qui nécessitent une bonne compréhension de l'environnement sonore et la prise en compte de son impact sur chacun.

Cette approche peut évidemment se transférer dans de nombreux domaines comme le management ou le social...mais c'est une autre histoire...

Pour rester dans le thème, je conclus cet article en vous renvoyant vers le récit audio particulièrement réussi d'Alice Calm : 16 novembre - 19 février. Au moyen d'une "mise en scène" sonore étudiée, elle nous fait "ressentir" son séjour à l’hôpital.
L'écoute est en binaural ce qui signifie qu'elle permet d'obtenir une scène sonore en 3D mais à la seule condition d'utiliser un casque audio.

Pour l'écoute, une paire d'enceintes bien disposées ou un casque marcheront bien.
Attention, une écoute sur mobile ou portable risque de beaucoup dégrader l'expérience. |-(